Dans son travail sur la mémoire et l’identité de Tanger, initié à travers des évènements qui mettent en avant les artistes de la région, des deux rives du Détroit, mais aussi du Maroc entier, Gallery Kent a l’honneur d’organiser une des importantes expositions de la rentrée culturelle. Cet événement intitulé « Amrani intimo » réunit trente-cinq œuvres du maître et couvre la période allant de 1967 à nos jours.
Ahmed Amrani est une figure de Tétouan et du chamal marocain, mais il est surtout un artiste d’une dimension nationale et historique. Sa discrétion légendaire, qui l’a conduit à préférer les offices de la direction de musées et de fondations plutôt que de se montrer sous les lumières de la rampe, pourrait nous faire oublier sa véritable place, auprès des pères fondateurs de la modernité artistique du Maroc. Avec eux, il a expérimenté les réflexions sur la représentation, telles qu’elles se posaient en Occident dans les années 60 et 70, les adaptant à leur culture dans un permanent aller et retour entre les considérations sur les singularités d’une époque et d’un pays fraîchement indépendant, et l’universalité de la question esthétique.
Des interprétations fiévreuses et érotiques du Matisse de La Danse à ses couples- totems, déjà transformés en statues de sel par des regards trop curieux ; d’accouplements de golems torturés aux tachismes en quête de sens des œuvres plus récentes ; des collages kassimiens et leur bleu marocain à l’azur presque naïf d’un portrait de Chefchaouen, « Amrani intimo » saura conduire le public de Gallery Kent jusqu’au cœur de l’univers de l’un des doyens de la modernité artistique du royaume.
« Amrani intimo », du vendredi 23 octobre au 20 décembre, Gallery Kent, 19 rue Jabha Watanya , tous les jours du lundi au samedi sauf dimanche.