A L’INITIATIVE DU CERCLE DES DIAMANTS, UNE IMPORTANTE TABLE -RONDE SOUS LE THÈME APPROCHE GENRE ET DÉVELOPPEMENT
Filali Noureddine
‘Approche genre et développement ‘ est le thème d’une table-ronde organisée à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, par le Cercle des diamants samedi dernier à la grande salle de conférence du Minzah Hôtel.
Le rencontre, modérée par Abdelmalek Salhi, directeur fondateur de l’hebdomadaire la Chronique du Nord et du site électronique www.365yawm.ma, a été animée par Latifa Amarti, enseignante chercheure universitaire, experte genre; Soad Chentouf Rahmouni, féministe experte genre et inclusion sociale; Lhassane Mohamadi,chercheur en sciences juridiques, activiste en droits humains et Mohamed Ali Tabji, acteur civique et chercheur en droits humains.
Lors de cette table-ronde, tenue dans une ambiance empreinte de franchise, de transparence et de convivialité, les différents intervenants ont tenu, chacun selon ses perceptions et le domaine de ses compétences, à aborder la thématique inscrite à l’ordre du jour, en l’occurrence ‘Approche genre et développement’ selon sous plusieurs angles et points de vue : historique, sociologique, légal, juridique, sécuritaire…
En margé des différents exposés, des intervenants ont relevé que, même si le Maroc a inclus plusieurs mesures visant à autonomiser les femmes et à promouvoir l’inclusion et le développement des jeunes, afin de renforcer la résilience et la participation de tous les Marocains à la dynamique nationale de développement, beaucoup de travail reste à faire dans le domaine de la lutte contre la descrimination et la promotion de l’égalité et de la parité en cohérence avec les dispositions de la constitution 2011 et de celle de la convention sur l’élimination de toutes les formes des discriminations à l’égard des femmes (CEDEF).
Pour Soad Chentouf Rahmouni, les disparités du genre sont toujours persistantes au niveau du tissu économique national. » Les stratégies d’entreprises marocaines intègrent de plus en plus cette approche, compte tenu de diverses avancées légales et réglementaires mais nous sommes toujours en déça des espérances « , reconnaît-elle. Et, comme pour étayer propos, la militante associative évoque des chiffres pour le moins effrayants. « 18% des dirigeants des entreprises (personnes physiques actives, personnes morales actives et auto-entrepreneurs) au Maroc sont des femmes, un pourcentage qui reste encore timide, sinon décevant « .
De son côté Latifa Lamarti, a tenté de lever toute équivoque à propos d la dichotomie sexe-genre, laquelle prête toujours à confusion. Selon cette illustre universitaire, leterme sexe renvoie à un ensemble d’attributs biologiques retrouvés chez les humains et les animaux. Alors que paradoxalement, le terme genre renvoie aux rôles, aux comportements, aux expressions et aux identités que la société construit pour les hommes, les femmes, les filles, les garçons et personnes de divers sexes et de genre.
Intevenant pour la même occasion, Lhassane Mohamadi, a mis l’accent sur le développement des droits de l’homme au Maroc. Selon cet expert juridique, le Maroc a lancé une panoplie de chantiers de réformes au cours des dernières décennies, se retraçant pour objectif l’ancrage des principes de l’égalité entre les sexes au sein de son système législatif et juridique et ses programmes de développement. Et d’ajouter que les droits de l’homme et de la femme sont inaliénables ne doivent aucunement de leur sexe, d’où l’adoption par le Maroc d’une série de réformes politiques, sociales et économiques visant l’instauration du principe de l’égalité et de l’équité.
Pour sa part, le militant associatif Ali Tabji a gratifié la nombreuse assistance d’un enrichissant exposé sur les droits de la femme au Maroc.
Selon cet intervenant, malgré les multiples réformes, modèles économiques et la mise en application de nouvelles lois, les progrès en termes d’accès aux droits élémentaires de représentations économiques et d’égalité sont, pour le moins, mitigés. Et de rappeler à ce propos que la consécration des droits de la femme est un long chantier aussi long que fastidieux et que, partant, le combat est loin d’être acquis.
Ali Tabji évoque, dans la foulée de son intervention, un fait insolite survenu au Maroc en 1923, il y a un siècle, quand Hadj Mohammed El Ajoui, notable et ministre à l’époque, a préconisé l’instruction de la femme au même titre que l’homme. La réaction des oulémas a été expéditive. « Abreuver une vipère ( la femme) de venin, il n’en est pas question ! ».
Ce militant associatif connu pour son franc parler n’a pas manqué de reconnaître les différents indicateurs politiques, économiques et socioculturels, des avancées dans le statut des femmes, mais il n’en demeure pas moins que certains comportements discriminatoires demeurent vivaces, puisant leur force dans une forme de tradition révolue et anachronique.
Par le biais d’exemples concrets, Ali Tabji s’est investi dans une approche socio-historique pour mettre en exergue la façon dont les institutions politiques, la culture dominante et les sous-cultures conçoivent et construisent le statut de la femme en y incorporant la dimension du genre.
D’emblée, Tabi reconnaît que l’esprit corpus de la Constitution de 2011 a certes jeté les bases d’une meilleure consécration de la femme, mais leur tradà intégrer l’approche genre sur le terrain reste encore peu palpable. Et, à ce propos, l’intervenant interpelle la société civile, les institutions élues ainsi que toutes les forces vives de la nation à intégrer l’approche genre en tant que méthodologie à même d’assurer à la femme la pleine jouissance des droits qui lui confère la loi.
Notons qu’aux termes des différentes interventions, un débat aussi enrichissant qu’édifiant a été entamé entre la tribune et la nombreuse assistance.