E-learning : L’enseignement à distance peut-il se substituer à la pédagogie présentielle ?
Par Hajar Benbouazaa (Journaliste stagiaire)
La révolution numérique a transformé carrément nos modes de vie. Dans le domaine de l’enseignement, cette révolution est peut-être la plus grosse de l’éducation contemporaine. Toutefois, un débat houleux est suscité entre les innovants qui adhèrent et accueillent à bras ouvert cette transition majeure et les récalcitrants qui résistent férocement à ce changement. Aujourd’hui et vu la situation actuelle de la COVID-19, l’enseignement à distance est devenu la solution optimale et unique pour reprendre les cours d’une manière la plus proche du normal possible.
Au 16 mars 2020, le ministère de l’Education nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a annoncé un dispositif de cours à distance que le corps professoral et les étudiants sans exception sont tenus à respecter et s’y adhérer. Cette transition brusque et inattendue a chamboulé le système éducatif au début faisant appel ainsi aux efforts admirables et à la collaboration remarquable de toutes les parties (professeurs, ministère et étudiants).
Au niveau des études supérieures, cette évolution a varié selon les capacités financières de chaque université. Elle s’est initiée par un simple contact entre professeurs et étudiants via email et s’est accrue jusqu’à en disposer d’une plateforme propre à chaque université telle Google Classroom. Un studio d’enregistrement a même été mis à la disposition de quelques université donnant au corps professoral la possibilité d’enregistrer leurs cours sous forme de MOOC (Massives open on line courses), ou CLOM en français (Cours en ligne massifs et ouverts).
Pour l’enseignement fondamental, les réseaux sociaux ont joué un rôle principal dans l’éducation. Via Facebook ou plus particulièrement WhatsApp ; deux canaux de communication numérique qui offraient la possibilité d’enregistrer des audios et d’échanger des documents, les professeurs ont pu rester en contact avec leurs apprenants.
Afin de renforcer l’apprentissage, surtout des élèves de la première et deuxième année baccalauréat, quelques chaînes de télévision publique ont été allouées à la diffusion des cours toute la journée. En plus de ces chaînes de télévision,les stations radios et des portails électroniques qui ne nécessitent pas une connexion internet ont également servis de médiateurs entre l’enseignement à distances et les étudiants issus du milieu rural. ;
Or, l’enseignement à distance, à l’instar de l’enseignement classique, nécessite des formations soigneusement organisées et stratégiquement structurées surtout que les pratiques enseignantes n’intègrent malheureusement pas régulièrement les technologies de l’information et de la communication. Selon Monsieur A.E, professeur universitaire ; la mise en place des tuteurs est primordiale pour accompagner les enseignants qui font face à plusieurs contraintes liés à l’introduction du numérique dans leurs classes, ce qui n’était pas le cas lors de la pandémie. Toutefois, nous ne pouvons pas nier qu’en fait, quelques enseignants ont effectivement été formés en la manière de manipuler les technologies d’information dans le cadre de la stratégie du programme GENIE (Généralisation des technologies d’informations et de communication dans l’enseignement au Maroc),en plusd’une formation similaire dans les centres régionaux de la formation et de l’éducation (CRMEF) au profit des professeurs stagiaires.Cependant, ces formations restent limités à quelques enseignants seulement.
Un autre problème qui se pose est la coordination, selon Mustapha. B, étudiant en deuxième année à l’école Roi Fahd de traduction :« Après que l’administration de l’école a annoncé que l’enseignement prendra la route du digital, on a été déstabilisé par le nombre de mails de la part des professeurs annonçant les prochains devoirs que nous devrons soumettre dans un délai de trois jours et même moins ». La situation s’est sûrement améliorée par la suite, or ce changement brusque et inattendu perturbe, stresse et cause une perte de confiance en soi chez l’étudiant engendrant alors des résultats scolaires médiocres.
D’un autre côté, supposant que tous les étudiants sont équipés de leurs propres gadgets et connexion internet sans fil, la technologie reste peu fiable. Une panne technique, un problème de connexion, une connaissance limitée de l’étudiant sur le fonctionnement des ordinateurs et la résolution de ses problèmes par exemple fait qu’une réception assurée de l’information est impossible, même pire en période d’examens où l’étudiant est censé envoyer ses réponses dans un délai déterminé et un créneau temporel très serré et stressant. Pour résoudre ce problème, l’administration de l’Ecole Roi Fahd de Traduction a élargi la durée des examens de deux heures à trois, ce qui reste une solution adéquate mais loin d’être tranchante.
Une autre problématique gravit autour la controverse de l’interactivité et la réactivité entre professeur et étudiant qui varie d’une personne à une autre. Quelques personnes deviennent timides devant la caméra tandis que d’autres deviennent interactifs. En plus, souvent la qualité de la connexion sans fil nécessaire pour entamer une vidéo conférence est médiocre et s’interpose comme barrière entre la transmission savoirs et savoir-faire comme est le cas pour Iman Aloui I. qui affirme son incapacité de prendre la parole lors d’une vidéo conférence car sa réception de l’information est toujours tardive.
Cela dit, nous pouvons affirmer que l’e-learning ne remplacera jamais l’enseignement traditionnel. Or, cela n’insinue guère que ce dernier disparaisse avec le Corona, au contraire, l’enseignement en ligne est en plein essor surtout après que le Maroc en a pris goût. L’éducation traditionnelle existera toujours, tel est le cas pour l’e-learning. Alors, pouvons-nous envisager une nouvelle pédagogie combinant les deux ?