Filali N
A Tanger, les guides touristiques traversent une mauvaise passe. Astreints à un chômage total depuis quasiment quatre mois, ils ne sont pourtant pas prêts de voir le bout du tunnel, puisqu’à l’heure où l’on écrit ces mots, il n’existe aucune visibilité sur la situation du secteur du tourisme après le confinement.
La profession du guide, activité dépendant essentiellement de la libre mobilité des personnes à travers le monde, est en stand-by depuis mi-mars suite à la fermeture des frontières de nombreux pays dans le cadre d’une politique protectionniste qui privilégie le sanitaire à l’économie. Lésés par le gel de l’activité, les quelques 150 guides affiliés à l’ARGT attendent de pied ferme la reprise. Nombreux ont été lourdement affectés par les conséquences du Covid-19, d’autres se sont endettés jusqu’au cou pour pouvoir joindre les deux bouts. Seule une minorité d’entre eux était salariée d’agences et a dû normalement profiter des indemnités de la CNSS.
Cette catégorie professionnelle, faudrait-il encore le rappeler, n’est affiliée à aucun organisme de sécurité sociale. Les guides de tourisme au Maroc, dont le nombre avoisine les 3.900 personnes, ne bénéficient d’aucune assurance maladie, ni encore moins d’allocations familiales.
Pour Nabil Ghziel, guide touristique tangérois, l’affiliation à une caisse de sécurité sociale est un vœu pieux. « Nous menons un combat depuis 30 ans pour notre adhésion à la CNSS en tant que travailleurs indépendants exerçant dans le cadre d’une activité libérale, toutefois, toutes nos démarches ont été vouées à l’échec » regrette-t-il.
Interrogé sur la reprise, Nabil Ghziel se montre prudent mais sans verser dans le pessimisme. « La reprise de nos activités est tributaire des décisions de réouverture des frontières des pays avec qui nous avons des liaisons aériennes ou maritimes », admet-il. Et d’ajouter, « Pour être réaliste, je dirai que nous avons un long chemin à parcourir car, même après le déconfinement, il faut attendre plusieurs mois vu que nos clients ne programment pas leurs vacances du jour au lendemain ».
A l’instar de Nabil Ghziel, plusieurs professionnels sont sceptiques quant à un retour imminent du flux touristique. C’est le cas de ce vétéran des guides tangérois qui estime qu’une reprise sans faille de la saison touristique 2020 relève plutôt de l’utopie. « Il n’est pas aussi évident que notre profession retrouvera pour bientôt sa vitesse de croisière et ce, même après la réouverture des frontières et le redémarrage de l’activité aérienne et maritime ».
Contacté par cette publication, Hamid Benamar ; guide professionnel et membre de l’ARGT, tient à alerter sur l’état d’incertitude dans lequel se trouve le secteur. « Les guides sont livrés à leur sort sans aucune visibilité quant à une reprise de leurs activités».
Selon notre interlocuteur, les guides touristiques ont été les premiers à souffrir de l’état de fébrilité intense auquel a été soumis le secteur du tourisme, eu égard aux mesures contraignantes mais certes nécessaires qui ont été installées dans le cadre de l’urgence sanitaire et notamment la fermeture des frontières.
Pour Hamid Benamar, l’Association des Guides n’a pas lésiné en s’engagent physiquement et moralement dans une démarche solidaire et responsable pour venir en aide à ses membres lourdement affectés par quatre mois d’inactivité.
Même son de cloche pour H.C, bazariste à l’ancienne Médina. Pour lui, face à une recrudescence des cas de contamination, c’est le flou qui domine. « Aujourd’hui, nous sommes dans l’expectative puisque même si on ouvre la frontière demain, les gens n’arriveront pas après-demain», argue-t-il.
En tout état de cause, les guides tangérois sont unanimes à réclamer des lignes directrices claires et cohérentes de relance du secteur, désormais à l’arrêt depuis plusieurs mois.