« Nos contacts avec la Wilaya ont toujours été empreints de franchise et de respect mutuel »
« J’ai préféré me retirer pour éviter la scission au sein de notre association. »
Au moment où l’AMITH/ZN est citée en exemple pour sa forte mobilisation afin de répondre à la demande locale en masques anti-covid19, son président ; Jamal Din Maimouni, prend tout le monde au dépourvu et présente sa démission.
Dans cet entretien, le président de l’AMITH/ZN évoque les raisons de son retrait ainsi que les tenants et les aboutissants de l’affaire de fabrication des masques. Dans un souci d’objectivité et d’éthique journalistique, cette publication offre la possibilité à chaque partie de relater sa version des faits.
En fait pourquoi avez-vous déchanté en cours de route ?
De prime abord, je dois préciser ; ne serait-ce que pour lever toute équivoque, qu’il s’agit d’une décision mûrement réfléchie. En fait, je dois rappeler que, suite aux fausses rumeurs et aux informations mensongères ayant accompagné l’ambitieuse opération de production des masques, j’avais déposé ma démission devant les membres du bureau. Or, cette décision ne devrait prendre effet qu’une fois les opérateurs auront repris leurs activités, le temps d’honorer nos engagements avec les autorités locales en matière de production de masques anti-covid. Donc, ma décision était en instance avant que ne se déclenche cette campagne contre l’AMITH/ZN.
Cependant, le retrait de 7 membres du bureau de l’AMITH/ZN a crée un grand cafouillage et une large incompréhension parmi les professionnels,
Effectivement, cela a précipité ma démission surtout, lorsqu’au cours d’une réunion interne, un membre nous a reproché, sèchement, de ne pas faire preuve de fermeté lors de nos pourparlers avec les autorités. Je me suis senti personnellement visé et cela m’a fait mal au cœur surtout après les loyaux services que j’ai rendus à l’association. Pour être honnête, je rappellerai que nos relations avec les autorités locales ont toujours été empreintes de franchise et de respect mutuel.
Oui, mais, vous auriez pu vous maintenir à la présidence malgré la démission de 7 membres du bureau !
Incontestablement ! J’aurais pu convoquer une assemblée extraordinaire pour élire d’autres dirigeants, sachant que le bureau est formé de 16 membres. J’ai reçu plusieurs messages de soutien et de solidarité de la part d’un grand nombre d’opérateurs et, ma foi, j’ai été très touché par cette marque de sympathie et de reconnaissance témoignée à mon égard. Certains m’ont exhorté à retirer ma démission mais je ne suis pas du genre à me cramponner au poste de président. J’ai préféré me retirer pour éviter la scission au sein de notre association.
La production des masques a fait l’objet d’une profonde et dangereuse incompréhension. Qu’en dîtes-vous ?
Malheureusement, il s’agit de rumeur montée de toutes pièces. Face à la menace pandémique, l’AMITH a été sollicité pour coordonner la production de masques tissés et lavables, destinés à combler le besoin urgent des citoyens marocains. À cette date, le Maroc ne disposait pas encore de tissus homologués, ce qui a naturellement amené le président de l’AMITH national à passer une commande d’un tissu conforme auprès d’un fournisseur étranger, et qui a été homologué par l’Institut Marocain de Normalisation (IMANOR). Mohammed Boubouh a, ensuite, pris en charge ce tissu par esprit de responsabilité afin de répondre au besoin pressant du pays en masques. Dès lors, 34 unités industrielles ont immédiatement entamé la production des masques pour répondre au besoin national en orientant la production entièrement et exclusivement vers le marché local.
Tout compte fait, vos opposants pensent le contraire !
On en a discuté au sein du bureau mais certains m’ont demandé de publier un communiqué condamnant le président national qui se trouvait à cette date en quarantaine après avoir été testé positif au Covid-19. J’ai refusé, non pas que j’adhère entiérment à la position de Boubouh, mais parce que celui-ci se trouvait hospitalisé, dans un établissement touristique, provisoirement aménagé en clinique pour les patients atteintes du Covid 19. J’ai eu quelques différends avec M. Boubouh, j’avais même brandi ma démission du conseil d’administration de l’AMITH, mais dans l’état actuel des choses, je ne m’autorise pas à publier un communiqué à charge contre le président alors que celui-ci se trouve en quarantaine. C’est une question de principe et de relation humaine. J’ai exigé qu’on attende son rétablissement et puis on prendra la décision qui s’impose.
Oui, mais, qu’en est-il de l’initiative de production de 4 millions de masques, co-initiée avec la Chambre de Commerce et de l’Industrie ? Les démissionnaires se sont inquiétés de voir l’élan de solidarité industrielle se transformer en une opération purement commerciale.
Je tiens à clarifier, en toute transparence, qu’en tant que principal interlocuteur représentant les professionnels du secteur au niveau de la Région, j’ai veillé à informer nos opérateurs de toutes les décisions prises à ce sujet, de manière à ce qu’ils puissent s’équiper et se préparer à l’exécution de cet ambitieux projet dont les produits étaient destinés d’abord à l’usage interne. Les industriels de la région Nord désireux d’y contribuer ont été conviés à se préparer afin d’être capables de produire aux dates imparties des masques qui seront distribués à titre gracieux. Le 18 mars, les membres du bureau étaient invités, via courrier électronique, à participer à la fabrication des masques.
Toutefois, une certaine commande de la Wilaya aurait soulevé la colère de quelques professionnels. Dans quelles conditions ce marché a été attribué ?
Quelques mauvaises langues soutiennent que j’ai exploité ma position pour remporter ce marché, bien évidemment, je rejette en bloc ces accusations mensongères. Pour éclairer les lanternes, il s’agit d’une commande de la Wilaya pour produire un million de masques dans un délai précis. Dans un souci de responsabilité, j’ai fait appel aux sociétés déjà équipées pour confectionner un nombre très important de masques destinés à la protection d’une partie de la population de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima.Certaines unités industrielles ont rejeté l’offre parce qu’elles avaient des commandes à honorer alors que d’autres avaient déjà suspendu leurs activités. Face à cette situation, nous avons dû accroître notre efficacité et agir rapidement pour satisfaire la demande intérieure, le masque ayant été rendu obligatoire depuis le 7 avril. A la même date, tous les adhérents ont été invités à participer à la fabrication des masques. Aujourd’hui nous avons un énorme stock de masques que nous avons du mal à écouler .
Etes-vous satisfait de votre mandat à la tête de l’AMITH/ZN ?
Tout à fait, je suis pleinement satisfait, avec un bilan honorable que j’aurai le plaisir de vous citer dans un prochain entretien