Les bienfaits du COVID-19 … La solidarité créatrice
Pr. Mohamed El Harzli
Université Abdelmalek Essaâdi
Faculté des Sciences et Techniques de Tanger
La pandémie du Corona virus, COVID-19, a fait découvrir aux citoyens du monde que la terre peut piquer une crise de colère contre l’être humain qui ne cesse de lui faire du mal, à cause de son égoïsme. De par son acharnement et son désire indéfectible à privilégier le développement économique, quel qu’en soit le prix, à la préservation de l’écosystème vivant qui le fait vivre et survivre qu’est la nature … la terre.
Nous pouvons imaginer que cette fureur a généré le Corona, peu importe son origine, l’essentiel est que l’ensemble du globe est touché par cette pandémie.
Et c’est cette colère de la nature qui a également stimulé et fait renaître le sentiment de solidarité et de considération d’autrui, dans un objectif de survie contre ce fléau.
La bonté de l’Homme s’est exaltée en cette période de confinement imposé pour contrer la propagation du virus, un confinement dans le temps et dans l’espace ; chacun cherche à devenir utile et apporter sa contribution, aussi modeste soit-elle, pour trouver d’ici et là une solution pouvant stopper cette pandémie ou, du moins, réduire ses effets.
Au Maroc, comme ailleurs, les compétences se sont vite montrées présentes pour se lancer dans la fabrication de solutions innovantes qu’on a mises gracieusement à disposition du grand public … la générosité au-delà de la solidarité.
Nous assistons, depuis le début de propagation du virus à l’échelle mondiale, à une prolifération de réalisations dans divers domaines technologiques due à une effervescence patriotique louable de la part de nos concitoyens spécialisés pour proposer des dispositifs et des procédés en faveur du personnel médical ou ceux qui font face directement ou indirectement aux risques de contamination au virus COVID-19.
Nous assistons également à une couverture médiatique sans égal de ces réalisations (presse écrite, presse numérique, radio, télévision, réseaux sociaux, etc.), depuis la bavette médicale jusqu’au respirateur assisté en passant par les désinfectants de tout genre, le drone aux fonctionnalités multiples, le tunnel de désinfection pour individus et pour véhicules, des masques dotés de moyens de mesures biophysiques, etc. et où redondance et similitude dominent.
Toutefois, l’ensemble de ces réalisations sont annoncées en tant qu’inventions UNIQUES et 100% MAROCAINES pour certaines d’entre elles. Or, défaut de modestie, il faut rendre à César ce qui est à César ; d’autres ont déjà travaillé sur ces innovations, d’ici et là de par le monde, le drone était là, le respirateur était là, le masque était là… Ce qui conduit à la confusion, c’est bien la maîtrise des termes et leur utilisation à bon escient ; revendiquer une invention revient à répondre à des critères prescrits par la législation nationale et par les Conventions internationales. Par définition, une INVENTION est une solution à un problème technique qui doit être nouvelle, non évidente et pouvant être appliquée industriellement. Ces critères doivent être réunis ensemble pour prétendre à une invention ; sinon, cela pourrait induire en erreur.
L’ensemble de ces réalisations prétendent prévenir la propagation du COVID-19 par sa détection. Jusqu’à aujourd’hui, les recherches se poursuivent pour identifier sa séquence au sein de laboratoires hautement sécurisés ; or, sa détection nécessite la connaissance d’un ensemble de ses caractéristiques pouvant générer des réactions mesurables. Certaines réalisations annonçaient ces qualités de détection avant-même l’intrusion du virus sur le territoire, sachant que le recours à la thermographie infrarouge, par exemple, ne peut en aucun cas être considérée comme fiable puisque la période d’incubation du virus peut dépasser les quatorze jours, autrement-dit, l’infection pourrait avoir lieu sans que l’individu infecté ne soit détecté.
De toutes ces réalisations, seul un nombre très limité pourrait bénéficier d’une protection par brevet d’invention.
Nous ne pouvons qu’être éblouis et ravis de voir nos chercheurs, nos ingénieurs, nos techniciens et nos volontaires arriver à réaliser des dispositifs fonctionnels et pratiques, voire à moindre coût ; néanmoins, si nous avons réussi à innover au niveau technique, nous devons également innover au niveau lexique et utiliser chaque mot à sa bonne place, en vue d’éviter d’être critiqué ailleurs.
Pour finir, il faut rappeler qu’innover n’est pas inventer et une amélioration est une valeur ajoutée à une invention existante qui pourrait être revendiquée et protégée.
Effectivement, les mots doivent avoir leurs sens. D’où l’importance de la terminologie employée.