Est-il arrivé à un responsable de descendre respirer un peu d’air dans le jardin de Beni Makada sis en face de cinéma Tarek ? Cette question est légitime vu l’état d’oubli dans lequel se trouve cet espace blanc et vert et vu le fait qu’il semble ne faire l’objet d’aucun rapport de la part des yeux qui ne dorment jamais. Puisque cet état des lieux est invisible depuis le véhicule d’un responsable qui passerait par-là, voici la face cachée de ce jardin né des cendres d’un printemps (arabe) en texte et en images.
Une dégradation à petit feu !
Le jardin de Beni Makada a vu le jour pour donner une autre image de ce quartier, améliorer le cadre de vie des riverains et garantir un minimum de verdure et d’air dans la région. Or, ces jours-ci,il est dans un état d’abandon sans précédent. « Certains de ses bancs leur manquent certaines parties ; certains pans du gazon ont totalement disparu parce qu’ils se trouvent là où il devait y avoir des allées ; des ordures sont éparpillées presque dans tous ses coins, »décrit un garçon de café en installant ses tables sur une partie de jardin comme tous les après-midi. Un vrai gâchis s’insinue, donc, dans cet espace qui devait être plus relaxant. « Tout cela à cause de l’absence d’un entretien et d’un maintien permanents d’un côté et de l’autre, d’un laisser-aller qui a prévalu ces derniers mois. Ça se dégrade à petit feu et il semble que personne ne s’en soucie», avance le même interlocuteur.
Des toilettes en plein air.
De plus, chaque nuit, ce lieu est squatté par des jeunes sans domicile fixe. Ils transforment son aire de jeux en dortoir en plein air. A cause de cela, ce jardin public, qui doit être d’une hygiène irréprochable, se trouve dans une situation catastrophique et cette dégradation ne date pas d’hier. Les habitués de cet endroit pointent l’insalubrité dans laquelle se trouvent ses kiosques blancs. « Impossible de passer par l’allée qui traverse les trois kiosques devenus de vraies chiottes »affirme un voisin du jardin. Ce triste constat est partagé par la majorité des riverains. La cause ? « Il y a un manque de suivi depuis son inauguration, avance cet habitant du quartier qui donne directement sur ce jardin qui était jadis un bidonville très célèbre,ces saletés sont produits pour la plupart par des individus qui squattent la nuit ce lieu destiné à la détente et au repos des riverains». Il fallait y prévoir des toilettes publiques, or, elles font défaut dans tous les jardins de la ville. Malgré cela, cet espace vital du cœur de Beni Makada continue d’attirer des foules de riverains avec leurs progénitures surtout en fin d’après-midi. Cela pose un problème de santé publique surtout en ce temps de pandémie de la Covid-19. Sous les trois kiosques blancs, coule l’urine, s’entassent les excréments et pullulent les microbes. L’odeur frappe de loin et fort.
Jardin infesté de bacs à ordures !
A cela s’ajoute le fait que l’incivisme dans ce lieu de vie commune vient aussi de la part des commerçants limitrophes. « Ces bacs à ordures reçoivent des tonnes de détritus quotidiennement de la part de restaurants et de cafés et jetés directement par terre, révèle un éboueur. Le résultat ? Un trottoir crasseux qui donne envie de vomir ou de fuir le lieu.»Les services de nettoyage, lors de l’écriture de cet article, semblent ne pas avoir lavé depuis bien longtemps le trottoir au bord duquel se trouvent deux bacs de la société Solamta. Attend-on la pluie ?
Cet abandon est-ce une fatalité ?
Une seconde vie pour ce jardin est-elle possible ? «Oui, un bon budget mensuel pour un gardien issu de la région et qui connait le quartier et ses risques et le tour est joué. Le terrain de proximité est là pour fournir l’argent nécessaire. N’est-il pas une mine d’or ? » propose un quadragénaire en montrant l’installation sportive créée sur cet espace pour servir d’espace de rencontres entre équipes de football. Remettre en état ce jardin est donc d’un côté fort possible et d’un autre une urgence urgente sinon le pari est perdu. « Les détritus et les saletés qui jonchent certains coins de cette parcelle de verdure, doivent être enlevés QUOTIDIENNEMENT. Le nettoyage des allées doit être lui aussi quotidien pour éduquer les habitués à la propreté. Cela ne peut réussir si les SDF ne sont pas pris en charge par les structures sociales adéquates à leur situation»,insiste ce jeune homme, marchand ambulant de cigarettes.