Un panneau flambant neuf, installé récemment face à la Plaza de Toros de Tanger, fait grincer des dents. Situé au milieu d’un rond-point, juste en face de l’ancien site taurin, il est censé informer les passants sur l’histoire du lieu. Sauf que l’intention ne fait pas l’unanimité.
Sur les réseaux sociaux, les critiques fusent. Design jugé peu esthétique, erreurs linguistiques, informations discutables… et surtout, un emplacement qui surprend : au lieu d’être placé à proximité du monument, le panneau trône au centre de la chaussée, risquant de gêner la visibilité et même de provoquer des accidents.
L’association « Tanger entre hier et aujourd’hui » monte au créneau. Elle dénonce une installation bâclée, qui ne respecte ni les standards de la signalétique patrimoniale, ni l’esprit du lieu. « Pour un site historique comme la Plaza de Toros, il aurait fallu un panneau à hauteur d’homme, avec une présentation claire, traduite en arabe, amazighe, espagnol et anglais. Et pourquoi pas, deux photos : une ancienne et une actuelle », plaide un membre de l’association.
L’auteur tangérois Mohammed El Harrak, lui aussi, s’est exprimé. Dans un texte largement partagé intitulé « L’abondance des futilités », il critique ce qu’il appelle une vision « superficielle de l’espace public » : « La mémoire est réduite à une forme, l’histoire devient un décor, et l’identité s’efface. »
Les associations locales demandent à ce que les projets de ce type ne soient plus lancés à la va-vite. Elles appellent les autorités à consulter des spécialistes : historiens, artistes, linguistes, et habitants eux-mêmes. Le patrimoine, rappellent-elles, ne se valorise pas à coups de panneaux impersonnels, mais avec du sens et de la rigueur .